Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/346

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craintes de Bélisaire n’étaient jamais que le résultat des calculs d’une raison froide et intrépide, il vit bientôt qu’il pouvait se fier sans danger aux apparences tranquilles et favorables que lui offrait l’aspect de la capitale ; des torches innombrables, signes de la joie publique, y brillaient de toutes parts ; on avait ôté la chaîne qui fermait l’entrée du port ; les portes étaient ouvertes, et la reconnaissance du peuple saluait et appelait à grands cris ses libérateurs. On proclama la défaite des Vandales et la liberté de l’Afrique la veille de la fête de saint Cyprien, dans un temps où les églises étaient déjà ornées et illuminées en l’honneur de ce martyr, dont trois siècles de superstition avaient presque fait la divinité du pays. Les Ariens, sentant que leur règne était passé, abandonnèrent le temple aux catholiques, qui aussitôt qu’ils eurent délivré leur saint des mains des profanes, commencèrent leurs cérémonies religieuses, et proclamèrent hautement le symbole de saint Athanase et la croyance de Justinien. Une heure, une heure terrible avait absolument changé la situation des deux partis. Les Vandales, qui si peu de temps encore auparavant, se livraient à tous les vices des conquérans, supplians alors, cherchaient un humble refuge dans le sanctuaire de l’église. Un geôlier épouvanté tirait d’un cachot du palais où ils étaient renfermés, des marchands sujets de l’empereur, et implorait la protection de ses captifs, en leur montrant, par une ouverture de la muraille, les voiles de la flotte romaine. Les navires, après s’être séparés de