Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/399

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furent édifiés du respect qu’il montra pour le successeur de saint Pierre, et sa discipline sévère les fit jouir, au milieu de la guerre, de tous les bienfaits de la justice et de la tranquillité. Ils applaudirent au rapide succès de ses armes, qui subjuguèrent le pays des environs, jusqu’à Narni, Pérouse et Spolette ; mais le sénat, le clergé et un peuple sans courage furent saisis d’effroi en voyant toutes les forces de la monarchie des Goths disposées à les assiéger, et le général décidé à soutenir le siége. Vitigès avait fait ses préparatifs avec activité durant l’hiver. Les Goths, abandonnant leurs habitations rustiques et leurs garnisons éloignées, s’assemblèrent à Ravenne pour la défense de la patrie ; et tel était leur nombre, qu’après avoir envoyé une armée au secours de la Dalmatie, cent cinquante mille combattans marchèrent encore sous l’étendard royal. Vitigès, selon les divers degrés du rang ou du mérite, distribua des armes et des chevaux, des présens et de grandes promesses : il suivit la voie Flaminienne, ne voulant pas tenter l’inutile conquête de Pérouse et de Spolette, ni le siége de l’imprenable rocher de Narni, et il se trouva bientôt à deux milles de Rome, près du pont Milvius. Une tour le défendait ; et Bélisaire avait calculé qu’il faudrait vingt jours pour construire un autre pont ; mais l’épouvante des soldats de la tour, dont les uns prirent la fuite et les autres désertèrent, dérangea ses calculs, et l’exposa lui-même au danger le plus imminent. Il était sorti par la porte Flaminienne, escorté de mille cavaliers, pour mar-