Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/41

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la cathédrale de Poitiers, dirigea sa marche pendant la nuit ; et ce signal, qui pouvait avoir été concerté avec le successeur orthodoxe de saint Hilaire, fut comparé à la colonne de feu qui guidait les Israélites dans le désert. À la troisième heure du jour, environ à dix milles au-dessus de Poitiers, Clovis atteignit et attaqua sans délai l’armée des Goths, dont la terreur et la confusion préparaient la défaite. Ils se rallièrent cependant au fort du combat ; et les jeunes guerriers, dont les clameurs avaient demandé la bataille, ne voulurent point survivre à la honte de la défaite. Les deux rois se rencontrèrent, se combattirent, et Alaric périt de la main de son rival. La bonté de sa cuirasse et la vigueur de son cheval sauvèrent le victorieux Clovis de la poursuite de deux cavaliers des Goths, qui, furieux, voulaient venger la mort de leur souverain. L’expression vague d’une montagne de morts indique un grand carnage sans en déterminer l’étendue ; mais Grégoire de Tours n’oublie pas d’observer que son vaillant compatriote, Apollinaris, le fils de Sidonius, perdit la vie à la tête des nobles de l’Auvergne. Peut-être ces catholiques suspects furent-ils exposés à dessein à la première fureur de l’ennemi[1], et peut-être l’attachement

  1. Après avoir corrigé le texte ou excusé la méprise de Procope. qui place la défaite d’Alaric près de Carcassonne, nous pouvons conclure, sur l’autorité de saint Grégoire de Tours, de Fortunatus et de l’auteur des Gesta Francorum, que la bataille se donna in campo Vocladensi, sur les bords du Clain, environ à dix milles au sud de Poitiers. Clovis