Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/419

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éprouvèrent bientôt toutes les misères d’un siége. Les prières et le pèlerinage de Datius, évêque de Milan, ne furent pas sans effet, et il obtint mille Thraces ou Isauriens, qu’il envoya aux rebelles de la Ligurie, contre l’arien qui les tyrannisait. En même temps, Jean-le-Sanguinaire[1], neveu de Vitalien, fut détaché avec deux mille cavaliers d’élite, d’abord à Alba, sur le lac Fucin, et ensuite vers les frontières du Picentin, sur la mer Adriatique. « C’est dans cette province, lui dit Bélisaire, que les Goths ont retiré leurs familles et leurs trésors, sans y mettre de garde et sans soupçonner le danger. Sans doute ils violeront la trêve ; qu’ils sentent vos coups avant d’être instruits de vos mouvemens. Épargnez les Italiens ; ne laissez sur vos derrières aucune place fortifiée dont les dispositions nous soient défavorables ; et réservez fidèlement le butin, afin qu’il soit partagé d’une manière égale. Il ne serait pas raisonnable, ajouta-t-il en riant, que tandis que nous nous fatiguons à détruire les frelons, nos camarades, plus heureux, prissent tout le miel. »

Les Goths lèvent le siége. A. D. 538. Mars.

Toute la nation des Ostrogoths réunie pour le siége de Rome, s’y était presque entièrement consumée. S’il faut ajouter foi au rapport d’un témoin éclairé, un tiers au moins de cette immense armée fut détruit dans les combats multipliés qui se donnèrent sous les murs de la place. Il paraît qu’alors le

  1. Anastase (p. 40) a conservé cette épithète de sanguinarius, qui pourrait faire honneur à un tigre.