Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/422

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de son général. Il rendit inutiles les tours et les machines des Barbares. Il repoussa leurs attaques ; et le siége converti en un blocus, réduisit la garnison aux dernières extrémités de la famine ; mais il laissa aux forces romaines le temps de se réunir et d’arriver : une flotte qui avait surpris Ancone, longea la côte de l’Adriatique, et porta des secours à la ville assiégée. L’eunuque Narsès débarqua dans le Picentin avec deux mille Hérules et cinq mille hommes des plus braves troupes de l’Orient. On força les rochers de l’Apennin ; dix mille vétérans tournèrent les montagnes, sous les ordres de Bélisaire en personne ; et une nouvelle armée brillante dans son camp d’une multitude de feux, apparut tout à coup s’avançant le long de la voie Flaminienne. Les Goths, saisis d’étonnement et de désespoir, levèrent le siége de Rimini ; [Ils se retirent à Ravenne.]ils abandonnèrent leurs tentes, leurs drapeaux et leurs chefs ; et Vitigès, qui donna ou suivit l’exemple de la fuite, ne s’arrêta que lorsqu’il se crut en sûreté dans les murs et les marais de Ravenne.

Jalousie des généraux romains. A. D. 538.

La monarchie des Goths était alors réduite à ces murs, et à quelques forteresses incapables de se soutenir mutuellement. Les provinces de l’Italie avaient embrassé le parti de l’empereur ; et son armée, parvenue peu à peu au nombre de vingt mille hommes, aurait aisément et rapidement achevé ses conquêtes, si la mésintelligence des généraux n’eût affaibli ses forces invincibles. Avant la fin du siége de Rome, un ordre sanguinaire, imprudent et inexplicable, avait terni la noble réputation de Bélisaire. Présidius,