ses quartiers d’hiver et y transporta prudemment de Toulouse le trésor royal qui était déposé dans la capitale de la monarchie. Le conquérant pénétra jusqu’aux confins de l’Espagne[1], rétablit les honneurs de l’Église catholique, plaça une colonie de Francs[2] dans l’Aquitaine, et remit à ses lieutenans la tâche facile de soumettre ou de détruire les Visigoths ; mais le sage et puissant monarque de l’Italie protégeait cette nation vaincue. Tant que la balance avait paru égale, Théodoric avait retardé peut-être la marche de ses Ostrogoths ; mais à leur arrivée ils repoussèrent l’ambitieux Clovis ; et l’armée des Francs et des Bourguignons fut forcée de lever le siége d’Arles avec perte, dit-on, de trente mille hommes. Ce revers disposa le fier Clovis à accepter
- ↑ Pyrenæos montes usque Perpinianum subjecit, dit Rorico, qui trahit sa date récente, puisque Perpignan n’existait point avant le dixième siècle. (Marca, Hispan., p. 458.) Ce pompeux et fabuleux écrivain, peut-être moine d’Amiens (voyez l’abbé Le Bœuf, Mém. de l’Acad., t. XVII, p. 228-245), raconte, sous le personnage allégorique d’un berger, l’histoire générale de ses compatriotes les Francs ; mais son récit finit à la mort de Clovis.
- ↑ L’auteur des Gesta Francorum affirme positivement que Clovis établit une colonie de Francs dans la Saintonge et dans le Bordelais ; et Rorico est, avec raison, de son sentiment : Electos milites atque fortissimos, cum parvulis atque mulieribus. Cependant il paraît qu’ils se mêlèrent bientôt avec les Romains de l’Aquitaine, qui en demeurèrent les principaux habitans jusqu’au temps où Charlemagne y conduisit une seconde colonie plus nombreuse. Dubos, Hist. crit., t. II, p. 215.