Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/433

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péremptoire les privait de la seule signature en laquelle ils pussent avoir quelque confiance, et leur fit craindre avec justice que leur habile ennemi n’eût découvert tous les embarras de leur déplorable situation. Ils comparèrent sa réputation et sa fortune avec la faiblesse de leur malheureux roi ; et cette comparaison leur suggéra un expédient extraordinaire auquel Vitigès fut obligé de se soumettre avec une apparence de résignation. Le partage signé par l’empereur détruisait la force des Goths, et l’exil flétrissait leur honneur ; ils proposèrent d’abandonner leurs armes, leurs trésors et les fortifications de Ravenne, si Bélisaire voulait abjurer l’autorité de l’empereur, se rendre aux vœux de la nation, et accepter la couronne d’Italie qu’il avait si bien méritée. Quand l’éclat trompeur du diadème eût été capable de séduire la loyauté d’un sujet aussi fidèle, sa sagesse aurait prévu l’inconstance des Barbares, et son ambition raisonnable aurait préféré l’emploi sûr et glorieux qu’il exerçait au service de l’empereur. Il ne craignit même point les malveillantes interprétations que l’on pouvait donner à la tranquillité et à l’apparente satisfaction avec laquelle il reçut la proposition de trahir son maître. Le lieutenant de Justinien se rendait témoignage de la droiture de ses intentions ; la route obscure et tortueuse dans laquelle il se permit d’entrer, avait pour objet de conduire les Goths à se soumettre volontairement. Au moyen d’une politique adroite, sans s’obliger par aucun serment ou même par aucune promesse, à l’accomplis-