Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/443

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laborieux. » Ses ardentes sollicitations, aidées des prières de Bélisaire, ne purent arracher le moine de sa solitude d’Éphèse. Ce ne fut qu’au départ de ce général pour la guerre de Perse, que Théodose se laissa persuader de revenir à Constantinople, et le court espace qui s’écoula jusqu’au départ d’Antonina pour suivre son mari, fut hardiment consacré à l’amour et au plaisir.

Ressentiment de Bélisaire et de Photius, fils d’Antonina.

Un philosophe peut regarder en pitié et pardonner dans une femme des faiblesses dont il ne reçoit aucun dommage réel ; mais on doit mépriser le mari qui ressent les débauches de son épouse et qui les endure. Antonina avait pour son fils une haine implacable, et jusque dans le camp situé au-delà du Tigre, le brave Photius[1] était exposé à des persécutions secrètes. Poussé à bout par ses injures personnelles et par le déshonneur de sa famille, il oublia à son tour les sentimens de la nature, et révéla à Bélisaire la turpitude d’une femme qui manquait à tous ses devoirs de mère et d’épouse. La surprise et l’indignation que témoigna le général romain semblent prouver qu’il avait été de bonne foi jusque alors ; il embrassa les genoux du fils d’Antonina ; il le conjura de se souvenir de ses devoirs plutôt que de sa naissance ; et ils jurèrent sur les autels de se venger et de se soutenir mutuellement. L’absence ébranlait l’empire d’Antonina sur l’esprit de son époux, et

  1. Théophane (Chronograph., p. 204) lui donne le nom de Photinus, beau-fils de Bélisaire, et il est copié par l’Historia Miscella, et par Anastase.