Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/47

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vertus publiques et privées des Francs avec un enthousiasme dont on ne trouve point la justification dans leurs annales[1]. Il célèbre leur politesse et leur urbanité, la régularité de leur gouvernement et la pureté de leur religion, et assure hardiment que l’on ne pouvait distinguer ces Barbares des sujets de Rome que par le langage et l’habillement. Peut-être les Francs annonçaient-ils déjà ces dispositions sociales, ces grâces et cette vivacité qui, dans tous les siècles, ont déguisé leurs vices et souvent caché leur mérite réel. Peut-être Agathias et les Grecs furent-ils éblouis par les succès rapides de leurs armes et par l’éclat de leur empire. Depuis la conquête de la Bourgogne, toute la Gaule, en exceptant la province de Septimanie, occupée par les Goths, obéissait aux fils de Clovis. Ils avaient envahi le royaume de Thuringe, et leur puissance

    proportion décuple entre l’or et l’argent, on peut évaluer leur solidus d’or à dix schellings : c’était le prix des amendes ordinaires chez les Barbares. Il contenait quarante deniers ou pièces d’argent de dix sous ; douze de ces deniers faisaient un solidus ou schilling, la vingtième partie du poids de la livre numérique ou livre d’argent, qui a été si étrangement réduite dans la France moderne. Voyez Leblanc, Traité historique des Monnaies de France, p. 37-43, etc.

  1. Agathias, t. II, p. 47. Saint Grégoire de Tours présente un tableau fort différent. Peut-être ne serait-il pas facile de trouver ailleurs dans l’histoire d’un même espace de temps, plus de vices et moins de vertus ; on est continuellement choqué de l’alliage étrange des mœurs sauvages et des mœurs corrompues.