Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/49

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de la philosophie se dirigea sur les antiquités de la France ; mais les philosophes eux-mêmes n’ont pas été exempts de passions et de préjugés. On a témérairement inventé et défendu avec opiniâtreté les systèmes les plus opposés et les plus exclusifs sur la servitude personnelle des Gaulois, ou leur alliance égale et volontaire avec les Francs. Les deux partis se sont accusés mutuellement de conspirer contre les prérogatives de la couronne et la dignité des nobles ou contre la liberté des peuples. Cependant cette controverse a exercé utilement le génie et l’érudition, et chaque antagoniste, alternativement vainqueur ou vaincu, dissipait quelques anciennes erreurs et établissait quelques vérités intéressantes. Un étranger impartial, instruit par leurs découvertes, par leurs disputes, et même par leurs fautes, peut, avec le secours de ces matériaux, présenter l’état des habitans romains de la Gaule après la conquête de cette contrée par les rois mérovingiens[1].

    agréablement et avec vérité, le progrès lent de ces études ; et il observe que saint Grégoire de Tours ne fut imprimé que vers l’an 1560. Heineccius (Opera tom. III, Sylloge 3, p. 248, etc.) se plaint que l’Allemagne recevait avec mépris les codes de lois barbares qui furent publiés par Heroldus et Lindenbrog, etc. Ces mêmes lois, c’est-à-dire celles qui sont relatives à la Gaule, à l’histoire de saint Grégoire de Tours et aux monumens de la race mérovingienne, se trouvent aujourd’hui dans les quatre premiers volumes des historiens de France.

  1. Dans l’espace de trente ans (1728-1765) ce sujet intéressant a exercé l’esprit indépendant du comte de Boulain--