Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/82

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le code de Théodose faisait universellement la loi du clergé ; mais la jurisprudence barbare avait libéralement pourvu elle-même à leur sûreté personnelle. Le sous-diacre était évalué comme deux Francs ; le prêtre, comme un antrustion, et l’on appréciait la vie d’un évêque, comme fort au-dessus de toute autre, à la somme de neuf cents pièces d’or[1]. Les Romains communiquèrent aux conquérans la connaissance du christianisme et de la langue latine[2] ; mais leur langage avait autant dégénéré de l’élégance du siècle d’Auguste que leur religion de la pureté du siècle apostolique. Les progrès de la barbarie et du fanatisme s’étaient étendus avec rapidité. Le culte des saints cacha le Dieu des chrétiens aux yeux du

    remansit fiscus noster ; ecce divitiæ nostræ ad ecclesias sunt translatæ : nulli penitus nisi soli episcopi regnant, l. VI, c. 46, t. II, p. 291.

  1. Voyez le code Ripuaire, tit. 36, t. IV, p. 241. La loi Salique ne pourvoit point à la sûreté du clergé ; et nous pouvons supposer, à l’honneur de la tribu la plus civilisée, qu’elle ne prévoyait pas qu’on pût pousser l’impiété jusqu’au meurtre d’un prêtre. Cependant Prétextat, archevêque de Rouen, fut assassiné au pied des autels par l’ordre de Frédégonde. (Saint Grégoire de Tours, l. VIII, c. 31, t. II, p. 326.)
  2. M. Bonamy (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXIV, p. 582-670) a prouvé l’existence de la lingua romana rustica, qui fut l’origine de la langue romance, et a été insensiblement portée à l’état de perfection où est aujourd’hui la langue française. Sous la race carolingienne, les princes et les nobles de France comprenaient encore l’ancien dialecte de leurs ancêtres.