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particulièrement les drapeaux d’Hengist, s’attribuèrent l’honneur d’avoir conduit leurs compatriotes à la gloire, et fondé dans la province de Kent le premier royaume indépendant. Les Saxons primitifs eurent toute la gloire de l’entreprise ; et l’on donna aux lois et au langage des conquérans, le nom du peuple qui produisit au bout de quatre siècles les premiers souverains de la Bretagne méridionale. Les Angles, distingués par leur nombre et par leurs succès, eurent l’honneur de donner leur nom au pays dont ils occupaient la plus vaste partie. Les différens peuples Barbares, qui cherchaient également fortune sur terre ou sur mer, se trouvèrent insensiblement compris dans cette triple confédération. Les Frisons, tentés par le voisinage de la Bretagne, balancèrent pendant un court intervalle de temps la puissance et la réputation des Saxons. Les Rugiens, les Danois et les Prussiens sont indiqués d’une manière obscure ; et quelques aventuriers huns, qui erraient dans les environs de la mer Baltique, purent aussi s’embarquer sur les vaisseaux des Germains pour conquérir un pays qui leur était inconnu[1] ; mais cette difficile entreprise ne fut ni préparée ni exécutée par une puissance réunie en corps de nation. Chaque chef rassemblait ses compagnons, dont le

  1. Bède parle clairement de toutes ces tribus (l. I, c. 15, p. 52 ; l. V, c. 9, p. 190) ; et malgré les remarques de M. Whitaker (Hist. de Manchester, vol. II, p. 538-543), je ne vois point qu’il y ait d’absurdité à supposer que les Frisons, etc., se mêlèrent aux Anglo-Saxons.