Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/15

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augmentaient chaque jour. [Les Lombards.]La dénomination corrompue de Lombards a été propagée au treizième siècle par des marchands et des banquiers italiens, issus de ces guerriers sauvages appelés dans l’origine Langobards, à cause de la longueur et de la forme particulière de leurs barbes. Je ne veux ni révoquer en doute ni prouver leur descendance des Scandinaves[1] ; je ne veux pas non plus les suivre dans leurs migrations à travers des pays inconnus et une foule d’aventures merveilleuses. À peu près dans le temps d’Auguste et de Trajan, on aperçoit un rayon de lumière au milieu des ténèbres de leur histoire, et on les trouve pour la première fois entre l’Elbe et l’Oder. Plus farouches encore que les Germains, ils se plaisaient à répandre l’effroi en laissant croire que leurs têtes avaient la forme de celle des chiens, et qu’après une bataille ils buvaient le sang de leurs ennemis vaincus. Pour recruter leur faible population, ils adoptaient les plus vaillans d’entre leurs esclaves ; et leur bravoure, sans secours étranger maintenait leur indépendance au milieu de leurs puissans voisins. Parmi les tempêtes du nord qui submergèrent tant de noms et tant de peuples, la

  1. Paul Warnefrid, surnommé le Diacre, fait descendre les Goths et les Lombards des Scandinaves ; il est attaqué sur cet article par Cluvier, originaire de Prusse (German. antiq., l. III, c. 26, p. 102, etc.), et défendu par Grotius, qui avait été ambassadeur de Suède en France. (Prolegom. ad hist. Goth., p. 28, etc.)