Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/160

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toutes les tribus vinrent se réunir sous ses drapeaux. Après avoir traversé sans opposition le fleuve et les montagnes, il répandit ses troupes dans la Macédoine et la Thrace, et se rendit avec sept mille cavaliers seulement au pied de cette longue muraille qu’on avait élevée pour défendre le territoire de Constantinople. Mais les ouvrages de l’homme sont impuissans contre les assauts de la nature : un tremblement de terre venait d’ébranler les fondemens de la muraille ; et les forces de l’empire se trouvaient occupées au loin sur les frontières de l’Italie, de l’Afrique et de la Perse. Le nombre des soldats des sept écoles[1] ou compagnies des gardes, qu’on appelait gardes domestiques, s’était accru et formait alors cinq mille cinq cents hommes, cantonnés pour l’ordinaire dans les villes paisibles de l’Asie ; mais les braves Arméniens chargés de ce service avaient été remplacés peu à peu par des citoyens paresseux, qui achetaient ainsi une exemption des devoirs de la vie civile, sans s’exposer aux dangers du service militaire. Parmi de tels soldats, on en comptait peu qui osassent se montrer hors des portes ; et jamais ils ne tenaient la campagne que lorsqu’ils se trouvaient manquer de la force ou de l’agilité nécessaires pour échapper aux Bulgares. Le rapport des fugitifs exagérait encore le nombre et la férocité de ces Bar-

  1. Ce que dit Procope (Anecd., c. 24 ; Aleman., p. 102, 103) sur la décadence de ces écoles, est confirmé et éclairci par Agathias (l. V, p. 159), qu’on ne peut récuser comme témoin ennemi.