Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/19

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ici le tableau si simple et si connu des mœurs des Tartares, archers habiles et audacieux ; ils buvaient le lait de leurs jumens, et ils mangeaient la chair de leurs agiles et infatigables coursiers : leurs troupeaux suivaient, ou plutôt dirigeaient les mouvemens de leurs camps errans : le pays le plus éloigné ou le plus difficile n’était pas à l’abri de leurs incursions ; et quoiqu’ils fussent étrangers à la crainte, ils avaient une grande habitude de l’art de la fuite. La nation était formée de deux tribus puissantes, qui se combattaient avec une haine fraternelle. Elles se disputaient avidement l’amitié ou plutôt les largesses de l’empereur Justinien ; et on raconte qu’un ambassadeur, porteur des instructions verbales de son ignorant souverain[1], les distinguait sous l’emblème du chien fidèle et du loup vorace. La richesse des Romains excitait également la cupidité des Bul-

    Volga. On montre près de Kasan quelques restes de leur capitale. Ils demeurèrent ensuite sur le Kuban, et enfin sur le Danube, où ils subjuguèrent, vers l’an 500, les Slavons-Serviens établis sur le Bas-Danube. Soumis à leur tour par les Avares, ils s’affranchirent de ce joug en 635 ; leur empire comprit alors les Cutturgores, restes des Huns établis vers les palus Méotides. La Bulgarie danubienne, dénombrement de ce vaste état, se rendit long-temps redoutable à l’empire byzantin. » Précis de la Géogr. univ., par M. Malte-Brun, t. I, p. 351. (Note de l’Éditeur.)

  1. Procope (Goth., l. IV, c. 19). Ce message verbal, dans lequel il se reconnaît pour un Barbare sans lettres, est rapporté par Procope dans la forme d’une épître ; le style en est sauvage, figuré et original.