Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/191

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origine de la nature elle-même. Numa disait avoir reçu de la nymphe Égérie, dans des entretiens nocturnes, les lois sur le droit des gens, et le culte religieux qu’il introduisit. Servius établit les lois civiles d’après son expérience ; il balança les droits et les fortunes des sept classes de citoyens, et il assura, par cinquante nouveaux règlemens, l’exécution des contrats et le châtiment des crimes. L’état, qu’il avait incliné vers la démocratie, se changea en despotisme arbitraire sous le dernier des Tarquins ; et lorsque la fonction de roi fut abolie, les patriciens maintinrent pour eux seuls tous les avantages de la liberté. Les lois royales devinrent odieuses ou tombèrent en désuétude : les prêtres et les nobles conservèrent en silence ce dépôt mystérieux ; et, soixante années après, les citoyens de Rome se plaignaient toujours d’être gouvernés par la sentence arbitraire des magistrats. Cependant les institutions positives des rois s’étaient comme incorporées avec les mœurs publiques et particulières. Les antiquaires ont rassemblé[1] quelques fragmens de cette respectable jurisprudence[2], et

  1. Terrasson, dans son Histoire de la jurisprudence romaine (p. 22-72 ; Paris, 1750, in-folio), essaie avec une sorte d’apparat, mais avec peu de succès, de rétablir le texte original. Cet ouvrage promet plus qu’il ne tient.
  2. Le plus ancien Code ou Digeste fut appelé jus Papirianum, du nom de Papirius, qui le compila, et qui vivait un peu avant ou un peu après le Regifugium. (Pandect., l. I, tit. 2.) Les meilleurs critiques, même Bynkershoek (t. I, p. 284, 285), et Heineccius (Hist. J. C. R., l. I, c. 16, 17 ; et Opp., t. III, syll. 4, p. 1-8), ajoutent foi à ce conte