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Liberté et abus du divorce.

Outre l’accord des parties, essence de tout contrat raisonnable, le mariage, chez les Romains, exigeait l’aveu des parens. On pouvait, d’après les lois récentes, forcer le père à subvenir aux besoins d’une fille arrivée à un âge mûr ; mais un état de démence reconnu ne dispensait pas toujours de l’obligation d’obtenir son consentement. Les causes de la dissolution du mariage ont varié[1] ; mais des cérémonies d’une nature contraire pouvaient toujours annuller le mariage le plus solennel, la confarreation elle-même. Dans les premiers siècles, un père de famille était le maître de vendre ses enfans, et sa femme se trouvait comprise dans le nombre des enfans. Armé d’un pouvoir domestique, il pouvait la condamner à mort, ou par clémence se borner à la chasser de son lit et de sa maison ; mais à moins que le mari, déterminé par sa propre convenance, ne voulût user du privilége du divorce, l’esclavage de la femme

    pien (tit. 9, p. 590, 591) et à la Collatio legum mosaïcarum (tit. 16, p. 790, 791), avec les Notes de Pithæus et de Schulting. Il y a deux passages curieux dans le Commentaire de Servius, sur le premier livre des Géorgiques et le quatrième de l’Énéide.

  1. Selon Plutarque (p. 57), Romulus n’admit que trois causes de divorce, l’ivrognerie, l’adultère et les fausses clefs. En tout autre cas, lorsque l’époux abusait de son droit de suprématie, la moitié de ses biens était, dit-on, confisquée au profit de la femme, l’autre moitié au profit de la déesse Cérès ; et il offrait un sacrifice, apparemment avec le reste, aux divinités de la terre. Cette étrange loi est imaginaire, ou elle n’a été que passagère.