Aller au contenu

Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’Austrasie[1]. Tant d’espérances trompées avaient abattu le courage des Avares, et leur puissance se serait évanouie au milieu des déserts du pays des Sarmates, si l’alliance d’Alboin, roi des Lombards, n’eût pas offert un nouvel objet à leur valeur, et par un établissement solide, fixé à la fin leur fortune lassée.

Alboin, roi des Lombards. Sa valeur, son amour et sa vengeance.

Au temps où Alboin servait sous les drapeaux de son père, il rencontra au milieu d’une bataille le prince des Gépides, contre lesquels il combattait, et le perça de sa lance. Les Lombards, frappés de cet exploit, demandèrent à son père, par des acclamations unanimes, que le jeune héros qui avait partagé les dangers du combat pût assister au banquet de la victoire. « Vous n’avez pas oublié, leur répondit l’inflexible Audouin, les sages coutumes de nos aïeux : quel que soit le mérite d’un prince, il ne peut s’asseoir à la table de son père sans avoir été armé de la main d’un roi étranger. » Alboin se soumit avec respect aux institutions de son pays ; il choisit quarante guerriers et se rendit hardiment à la cour de Turisund, roi des Gépides, qui, soumis aux lois de l’hospitalité, embrassa et traita avec distinction le meurtrier de son fils. Au milieu du repas, où Alboin occupait la place du jeune prince qu’il avait tué, un tendre souvenir vint frapper Turisund. Inca-

  1. Voy. sur la guerre des Avares contre les Austrasiens, Ménandre (Excerpt. legat., p. 110), saint Grégoire de Tours (Hist. Franc., l. IV, c. 29) et Paul Diacre (De gest. Langob., l. II, c. 10).