Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/346

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tus[1], sa beauté put contribuer à lui valoir la bienveillance de Sophie, et la veuve de Justin crut pouvoir espérer, en l’épousant, de conserver sous le règne d’un plus jeune époux le rang et le crédit dont elle avait joui ; mais si l’ambition de Tibère l’avait porté à flatter, par sa dissimulation, les désirs de sa protectrice, il n’était plus en son pouvoir de satisfaire à l’espoir qu’elle avait conçu ou à la promesse qu’il lui avait faite. Les factions de l’hippodrome demandèrent avec impatience une impératrice, et le peuple, ainsi que Sophie, entendit avec surprise proclamer en cette qualité Anastasie, l’épouse secrète mais légitime de l’empereur. Il accorda à Sophie tout ce qui pouvait calmer sa douleur : les honneurs d’impératrice, un magnifique palais et une nombreuse maison prouvèrent l’affection de son fils adoptif. Dans les occasions importantes, il allait consulter la femme de son bienfaiteur ; mais l’ambition de celle-ci dédaigna le vain simulacre de la royauté ; et le respectueux titre de mère que lui donnait l’empereur, irritait au lieu de l’adoucir, une femme qui se croyait insultée. Tandis qu’elle recevait, avec un de ces sourires si familiers dans les cours, les témoignages du respect et de la confiance de Tibère, elle se liguait

  1. Voy. sur le caractère et le règne de Tibère, Evagrius (l. V, c. 13), Théophylacte (l. III, c. 12, etc.), Théophane (in Chron., p. 210-213), Zonare (t. II, l. XIV, p. 72), Cedrenus (p. 392), Paul Warnefrid (De gestis Langobard., l. III, c. 11, 12). Le diacre du Forum Julii parait avoir eu connaissance de quelques faits curieux et authentiques.