Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/349

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venaient lui proposer ces ressources dix fois surpassées par les extorsions auxquelles elles donnent lieu, il les rejetait d’un air sévère, et ses sages lois excitèrent les éloges et les regrets des temps postérieurs. Constantinople croyait que l’empereur avait découvert un trésor : une noble économie et le mépris de toutes les dépenses vaines ou superflues formaient son trésor. Les sujets de l’empire d’Orient auraient goûté le bonheur, si ce roi patriote, le plus beau présent que le ciel puisse faire au monde, fût toujours resté sur la terre ; mais dès la quatrième année après la mort de Justin, Tibère fut attaqué d’une maladie mortelle, qui lui laissa à peine le temps de rendre le diadème au plus digne de ses concitoyens, ainsi qu’il l’avait reçu. Il choisit Maurice dans la foule ; jugement plus précieux en lui-même que la pourpre. Il lui donna sa fille et l’empire, en présence du patriarche et du sénat qu’il avait appelés à son lit de mort ; il y ajouta des conseils par la voix du questeur, et sa dernière espérance fut que les vertus de son fils et de son successeur élèveraient à sa mémoire le plus noble monument dont elle pût être honorée. Elle fut environnée de l’affliction publique comme d’un encens précieux ; mais la douleur la plus sincère s’évapore au milieu du tumulte d’un nouveau règne, et les yeux et les acclamations de l’univers se tournèrent bientôt vers le nouvel astre qui commençait à paraître.

Règne de Maurice. A. D. 582. Août 13. A. D. 602. Nov. 27.

La famille de Maurice était originaire de l’ancienne