Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/360

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sir parmi les nobles Lombards un nombre de familles[1] suffisant pour former une colonie de soldats et de sujets. Dans le progrès de la conquête, on ne put accorder la même liberté aux ducs de Brescia ou de Bergame, de Pavie ou de Turin, de Spolette ou de Bénévent ; mais chacun de ceux-ci et chacun de leurs collègues établit dans son district une bande de compagnons qui venaient se ranger sous son drapeau durant la guerre, et qui ressortissaient à son tribunal durant la paix. Cette dépendance était libre et honorable : en rendant ce qu’ils avaient reçu, ils pouvaient se retirer avec leurs familles dans le district d’un autre duc ; mais leur absence du royaume passait pour une désertion militaire, et elle était punie de mort[2]. La postérité des premiers conquérans s’attacha par de profondes racines à ce sol que l’intérêt et l’honneur l’obligeaient à défendre. Un Lombard naissait soldat de son roi et de son duc ; et les assemblées civiles de la nation arboraient des drapeaux et prenaient le titre d’armée régulière. Les provinces conquises fournissaient à la solde et aux récompenses de cette armée, et l’injustice et la rapine présidèrent à la distribution des terres, qui n’eut lieu qu’après la mort d’Alboin. Un grand nombre de riches Italiens furent égorgés ou bannis ; les autres

  1. Paul, l. II, c. 9. Il donne à ces familles ou à ces générations le nom teutonique de Faras, qu’on trouve aussi dans les lois des Lombards. Le modeste diacre n’était pas insensible à la noblesse de sa race. Voyez l. IV, c. 39.
  2. Comparez le no 3 et le no 177 des lois de Rotharis.