Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/382

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bouchure du Tibre, aux risques et aux frais du pape : il usait de ses richesses en fidèle intendant de l’Église et des pauvres, et consacrait à leurs besoins les inépuisables ressources qu’il trouvait dans son abstinence et son économie. On a gardé durant plus de trois siècles, dans le palais de Latran, le compte volumineux de ses recettes et de ses dépenses, comme modèle de l’économie chrétienne. [Ses aumônes.]Aux quatre grandes fêtes de l’année, il distribuait des largesses au clergé, à ses domestiques, aux monastères, aux églises, aux cimetières, aux aumôneries et aux hôpitaux de Rome, ainsi qu’au reste du diocèse. Le premier jour de chaque mois, il faisait distribuer aux pauvres, selon la saison, des portions réglées de blé, de vin, de fromage, de végétaux, d’huile, de poisson, de provisions fraîches, des habits et de l’argent ; et outre ces distributions, ses trésoriers recevaient sans cesse de lui des ordres pour subvenir extraordinairement aux besoins de l’indigence et du mérite. Des libéralités de tous les jours, de toutes les heures, venaient au secours des malades et des pauvres, des étrangers et des pèlerins ; et le pontife ne se permettait un repas frugal qu’après avoir envoyé des plats de sa table à quelques infortunés dignes de compassion. La misère des temps avait réduit des nobles et des matrones à recevoir sans rougir les aumônes de l’Église. Il logeait et nourrissait trois mille vierges ; et plusieurs évêques d’Italie, échappés aux mains des Barbares, vinrent demander l’hospitalité au Vatican. Saint Grégoire mérita le surnom de père de son pays ;