Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/400

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cordes auxquelles doivent finir par se livrer ceux qui se sont mutuellement excités à fouler aux pieds leur légitime souverain : implorant ensuite, d’un ton pathétique, l’humanité de ses juges, il les força à cette compassion qu’on ne refuse guère à un roi détrôné. En considérant l’humble posture, l’air défait de leur prisonnier, ses larmes, ses chaînes, et les ignominieuses cicatrices des coups de fouet qu’il avait reçus, il leur était impossible d’oublier que peu de jours auparavant ils adoraient la divine splendeur de son diadème et de sa pourpre ; mais lorsqu’il essaya de faire l’apologie de sa conduite, et de relever les victoires de son règne, un murmure d’indignation s’éleva dans l’assemblée ; les nobles Persans l’entendirent avec le sourire du mépris définir les devoirs des rois, et ne purent retenir leur indignation lorsqu’il osa outrager la mémoire de Chosroès ; ayant proposé indiscrètement d’abdiquer la couronne en faveur du second de ses fils, il souscrivit à sa propre condamnation, et sacrifia ce prince innocent qu’il désignait comme l’objet de ses affections. On exposa en public les corps déchirés de cet enfant et de la mère qui lui avait donné le jour. On creva les yeux à Hormouz avec un fer ardent, et ce châtiment fut suivi du couronnement de son fils aîné. [Avénement au trône de Chosroès, son fils.]Chosroès, parvenu sur le trône sans crime, s’efforça d’adoucir les malheurs de son père : il tira Hormouz du cachot où on le retenait, et lui donna un appartement dans le palais : il fournit libéralement à ses plaisirs, et souffrit avec patience les saillies furieuses de son