Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/416

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Danube jusqu’à celle de l’Oder[1], et sa politique jalouse divisa ou transplanta les nouveaux sujets qu’il venait de conquérir[2]. Des colonies d’Esclavons peuplèrent les parties orientales de la Germanie, demeurées désertes par l’émigration des Vandales. On découvre les mêmes tribus dans les environs de la mer Adriatique et de la Baltique, et les villes illyriennes de Neyss et de Lissa se retrouvent, avec le nom de Baian lui-même, au centre de la Silésie. S’intéressant peu à la vie de ses vassaux[3], le chagan les exposait au premier choc dans la disposition de son armée ou de ses provinces, et le glaive de ses enne-

  1. Les armes et les alliances du chagan allèrent jusqu’aux environs d’une mer située à l’occident, et éloignée de Constantinople de quinze mois de marche. L’empereur Maurice conversa avec quelques musiciens ambulans de ce pays lointain, et il semble avoir pris pour un peuple une classe d’hommes d’une certaine profession. (Théophylacte, l. VI, c. 2.)
  2. C’est une des conjectures les plus vraisemblables et les plus lumineuses du savant comte du Buat (Histoire des Peuples barbares, t. XI, p. 546-568). On retrouve les Tzechi et les Serbi confondus ensemble près du mont Caucase, dans l’Illyrie et sur la partie basse de l’Elbe. Les traditions les plus bizarres des Bohémiens, etc., paraissent confirmer son hypothèse.
  3. Voyez Frédégaire dans les Historiens de France, t. II, p. 432. Baian ne cachait point son orgueilleuse insensibilité. Οτι τοιο‌υτο‌υς (non pas τοσο‌υτο‌υς, selon une ridicule correction) επαφησω τη Ρωμαικη, ως ει και συμβαιη γε σφισι θανατω αλωναι, αλλ’ εμοι γε μη γενεσδαι συναισθησιν.