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des compétiteurs. Le royaume des Turcs était borné par l’Oxus ou le Gihon, et cette grande rivière séparait le Touran de la monarchie rivale d’Iran ou de la Perse, moins étendue, mais contenant peut-être des forces et une population plus nombreuse. Les Perses, qui alternativement attaquèrent et repoussèrent les Turcs et les Romains, étaient toujours gouvernés par la maison de Sassan, monté sur le trône trois siècles avant le règne de Justinien. Kabades ou Kobad, son contemporain, avait fait la guerre avec succès contre l’empereur Anastase ; mais des dissensions civiles et religieuses troublèrent le règne de ce prince. D’abord prisonnier de ses sujets, et exilé ensuite parmi les ennemis de la Perse, il recouvra sa liberté en prostituant sa femme, et il remonta sur le trône avec le secours dangereux et mercenaire des Barbares qui avaient tué son père. Les nobles sentirent que Kobad ne pardonnerait jamais à ceux qui l’avaient chassé, peut-être même à ceux qui l’avaient rétabli. Le peuple fut trompé et excité par le fanatisme de Mazdak[1], qui prêchait la communauté des femmes[2] et l’égalité de tous les hommes,

  1. Voyez d’Herbelot, Bibl. orient., p. 568, 929 ; Hyde, De relig. vet. Persar., c. 21, p. 290, 291 ; Pococke, specimen Hist. Arab., p. 70, 71 ; Eutychius, Annal., tom. II, p. 176 ; Texeira, in Stevens, Hist. of Pers., l. I, c. 34.
  2. Le bruit de cette nouvelle loi sur la communauté des femmes se propagea bientôt en Syrie (Asseman., Biblioth. orient., t. III, p. 402) et dans la Grèce. (Procope, Persic., l. I, c. 5).