Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/437

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qu’elle semblait prendre le langage de la liberté, ils osèrent blâmer l’excès de son amitié et de sa reconnaissance pour les Grecs, nation, disaient-ils, avec laquelle il était dangereux de signer un traité de paix ou d’alliance, qui dans sa superstition ne connaissait ni la vérité ni la justice, et qui devait être incapable de toute vertu, puisqu’en poussant l’impiété jusqu’au meurtre de ses souverains, elle se rendait coupable du plus atroce des forfaits[1]. Les provinces de l’empire romain furent accablées des maux de la guerre pour le crime du centurion ambitieux qui les opprimait ; et vingt ans après, les Romains se vengèrent et rendirent avec usure ces mêmes maux aux Persans[2]. Le général qui avait rétabli Chosroès sur le trône, commandait toujours en Orient ; et en Assyrie les

  1. Christianis nec pactum esse, nec fidem, nec fœdus… Quod si ulla illis fides fuisset, regem suum non occidissent. (Eutychius, Annal., t. II, p. 211, vers. Pococke.)
  2. Nous sommes obligés de quitter ici pour quelques siècles les auteurs contemporains, et de descendre, si cela s’appelle descendre, de l’affectation de la rhétorique à la grossière simplicité des chroniques et des abrégés. Les ouvrages de Théophane (Chonograph., p. 244-279) et de Nicéphore (p. 3-16) donnent la suite de la guerre de Perse, mais d’une manière imparfaite. Lorsque je rapporterai des faits qu’ils n’indiquent pas, je citerai des autorités particulières. Théophane, courtisan, qui se fit moine, naquit A. D. 748 ; Nicéphore, patriarche de Constantinople, qui mourut A. D. 829, était un peu plus jeune ; ils souffrirent tous les deux pour la cause des images. (Hankius, De script. byzantinis, p. 200-246.)