Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/458

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mettant au roi de Perse d’accabler pour un temps les provinces de l’Orient, et même d’insulter sa capitale, il s’ouvrait une route périlleuse au milieu de la mer Noire[1] et des montagnes de l’Arménie ; il pénétrait dans le centre de la Perse[2], et forçait les armées du grand roi à revoler à la défense de son pays désolé. Héraclius se rendit de Constantinople à Trébisonde avec cinq mille soldats d’élite ; il rassembla les troupes qui avaient passé l’hiver dans le

    ment (κατα ταχος) en Arménie. Nicéphore (p. 11) confond les deux expéditions ; mais il désigne la province de Lazique. Eutychius (Annal., t. II, p. 231) indique le nombre de cinq mille hommes, et leur station à Trébisonde, qui est assez probable.

  1. De Constantinople à Trébisonde le voyage était de quatre ou cinq jours avec un bon vent ; de Trébisonde à Erzerom, cinq jours ; de là jusqu’à Erivan, douze jours ; jusqu’à Tauris enfin, dix ; c’est-à-dire trente-deux jours de marche en tout. Tel est l’itinéraire de Tavernier (Voyages, t. I, p. 12-56), qui connaissait parfaitement les chemins de l’Asie. Tournefort, qui voyageait avec un pacha, employa dix ou douze jours à se rendre de Trébisonde à Erzerom (Voyage au Levant, t. III, Lettre XVIII) ; et Chardin (Voyages, t. I, p. 249-254) indique avec plus d’exactitude cinquante-trois parasanges de cinq mille pas chacune (mais de quel pas ?) entre Erivan et Tauris.
  2. M. d’Anville a jeté beaucoup de jour sur l’expédition d’Héraclius dans la Perse. (Mém. de l’Acad. des inscriptions, t. XXVIII, p. 559-573.) Il a montré, pour découvrir la position de Gandzaca, de Thebarma, de Dastagerd, etc., une sagacité et un savoir admirables ; mais il passe sous silence l’obscure campagne de 624.