Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/466

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empire. On passa un mois en marches et en négociations ; mais la ville fut investie le 31 juillet, depuis les faubourgs de Péra et de Galata jusqu’à Blachernæ et aux sept tours, et les habitans observaient avec frayeur les signaux des côtes de l’Europe et de l’Asie. Les magistrats de Constantinople s’efforcèrent à diverses reprises d’acheter la retraite du chagan : celui-ci renvoya toujours leurs députés avec insulte. Il souffrit que les patriciens demeurassent debout devant son trône, tandis que les envoyés de Perse, revêtus de robes de soie, étaient assis à ses côtés. « Vous voyez, leur dit l’orgueilleux Barbare, des preuves de ma parfaite union avec le grand roi, et son général est prêt à envoyer dans mon camp trois mille guerriers d’élite. N’espérez plus tenter votre maître par une rançon partielle et insuffisante ; vos richesses et votre ville, voilà les seuls présens que je puisse trouver dignes d’être acceptés. Quant à vous, je vous permettrai de vous éloigner avec une soubreveste et une chemise ; et Sarbar, mon ami, ne refusera pas à ma prière de vous laisser passer dans ses lignes. Votre prince absent, aujourd’hui captif ou fugitif, a livré Constantinople à sa destinée ; et vous ne pouvez échapper aux Avares et aux Persans, à moins que, semblables aux oiseaux, vous ne preniez votre vol dans les airs, ou qu’à l’exemple des poissons, vous ne sachiez plonger sous les vagues[1]. » Pen-

  1. Le roi des Scythes envoya à Darius un oiseau, une grenouille, une souris et cinq traits. (Hérodote, l. IV, c. 131, 132.) « Substituez une lettre à ces signes, dit Rousseau