Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/47

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des mages. On renouvela et on publia le code de lois d’Artaxerxès Ier : on ordonna aux magistrats de le suivre ; mais la certitude d’être punis sur-le-champ fut le meilleur gage de leur vertu. Mille agens publics ou secrets du trône surveillaient leur conduite et écoutaient leurs paroles ; et les provinces de Perse, des frontières de l’Inde à celles de l’Arabie, furent souvent éclairées de la présence d’un prince qui affectait de vouloir, par la rapidité et l’utilité de sa course, imiter le Soleil, son frère. Il jugea que l’éducation et l’agriculture méritaient principalement ses soins. Dans toutes les villes de la Perse, on entretenait et on instruisait, aux dépens du public, les orphelins et les enfans des pauvres ; on mariait les filles aux plus riches citoyens de leur classe ; et selon les talens divers des garçons, on les employait aux arts mécaniques, ou ils étaient élevés à des emplois plus honorables. Il donna des secours aux villages abandonnés ; il distribua du bétail, de la semence et des instrumens de labourage aux paysans et aux fermiers qui se trouvaient hors d’état de cultiver leurs terres ; sous son règne, le rare et inestimable tribut des eaux fut partagé avec économie et avec habileté sur l’aride terrain de la Perse[1]. La prospérité de

  1. En Perse, le prince des eaux est un officier de l’état. Le nombre des puits et des canaux souterrains est aujourd’hui fort diminué, et la fertilité du sol a diminué dans la même proportion. Dans ces derniers temps, quatre cents puits se sont perdus près de Tamis ; et on en comptait jadis