Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/67

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milles, depuis les environs de Trébisonde jusqu’à Dioscurias et aux confins de la Circassie. Une humidité excessive y relâche le sol et l’atmosphère ; vingt-huit fleuves, outre le Phase et les rivières qu’il reçoit, y portent leurs eaux à la mer ; et le bruit sourd qui se fait entendre lorsqu’on frappe la terre, semble indiquer les canaux souterrains entre l’Euxin et la mer Caspienne. Dans les lieux où l’on sème du blé ou de l’orge, le sol est trop mou pour soutenir l’action de la charrue ; mais le gom, menu grain qui ressemble au millet et à la graine de coriandre, est la nourriture ordinaire du peuple ; et il n’y a que le prince et les nobles qui mangent du pain. Cependant les vignobles y sont en plus grand nombre que les champs cultivés ; et la grosseur des ceps ainsi que la qualité du vin, y annoncent une heureuse terre qui n’a pas besoin des secours du cultivateur. Cette vigueur de végétation tend continuellement à couvrir le pays d’épaisses forêts. Les bois des collines et le lin des plaines donnent en abondance les matériaux nécessaires à la construction des navires ; les quadrupèdes sauvages et domestiques, le cheval, le bœuf et le cochon, y sont singulièrement prolifiques, et le nom du faisan annonce qu’il est venu des bords du Phase. Les mines d’or qu’on rencontre au sud de Trébisonde, et qu’on exploite avec un assez grand bénéfice, occasionnèrent une dispute entre Justinien et Chosroès ; et il y a lieu de croire qu’une veine de ce métal précieux doit se trouver également répandue dans le cercle des collines, quoique