Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/70

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exportations de la Colchide a fort augmenté depuis l’époque où les naturels n’avaient que des esclaves et des peaux à échanger contre du blé et du sel que leur fournissaient les sujets de Justinien. On n’y aperçoit pas la moindre trace des arts, des sciences, ni de la navigation de l’ancienne Colchide. Peu de Grecs désirèrent ou osèrent suivre les pas des Argonautes, et même en y regardant de près, on voit disparaître ce qu’on avait pris pour les traces de la colonie égyptienne. La circoncision n’est en usage que chez les Mahométans des côtes de l’Euxin ; et les cheveux crépus et la peau basanée des Africains ne défigurent plus la race la plus parfaite de la terre. C’est dans la Géorgie, la Mingrélie et la Circassie, contrées voisines, que la nature a placé, du moins d’après notre opinion, le modèle de la beauté dans les contours, la couleur de la peau, l’accord des traits et l’expression du visage[1]. Selon la destination des deux sexes, les hommes y paraissent formés pour le travail, et les femmes pour l’amour : le sang des nations méridionales de l’Asie s’est épuré, et leur race s’est perfectionnée par cette multitude de femmes que les environs du Caucase leur fournissent depuis si long-temps. La Mingrélie proprement dite,

  1. Buffon (Hist. nat., tom. III, p. 433-437) présente le suffrage unanime des naturalistes et des voyageurs sur ce point. Si au temps d’Hérodote les habitans de ces pays étaient μελαγχροες et ο‌υλοτριχες (et il les avait observés avec soin), ce fait précieux est un exemple de l’influence du climat sur une colonie étrangère.