Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 8.djvu/82

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Les cinq cents autres se réfugièrent dans la citadelle, qu’ils défendirent sans espérer d’être secourus ; et ils aimèrent mieux expirer au milieu des flammes, que de souscrire à la plus honorable capitulation qu’on leur offrait, sous la condition de servir dans les troupes romaines. Ils moururent en obéissant aux ordres de leur prince ; tant d’actions de bravoure et de fidélité durent exciter leurs compatriotes à montrer le même désespoir, et leur faire espérer de plus heureux succès. L’ordre qui fut donné sur-le-champ de démolir les ouvrages de Pétra, fit connaître la surprise et les appréhensions qu’avait inspirées au vainqueur une semblable défense.

La guerre de Colchos, ou la guerre Lazique. A. D. 549-556.

Un Spartiate aurait loué et contemplé avec attendrissement la vertu de ces héroïques esclaves ; mais les ennuyeuses hostilités et les succès alternatifs des Romains et des Persans ne peuvent retenir long-temps l’attention de la postérité au pied des montagnes du Caucase. Les soldats de Justinien obtenaient des avantages plus éclatans et plus multipliés, mais l’armée du grand Roi recevait de continuels renforts ; et enfin l’on y compta huit éléphans et soixante-dix mille hommes, en y comprenant douze mille Scythes alliés et plus de trois mille Dilémites, descendus volontairement des montagnes de l’Hyrcanie, et redoutables soit dans les combats à distance ou corps à corps. Cette armée leva avec quelque précipitation et quelque perte le siége d’Archéopolis, ville dont les Grecs avaient inventé ou altéré le nom ; mais elle occupa les défilés de l’Ibérie : elle asservit la Colchide