CHAPITRE XLIII.
Ce que nous venons de dire des diverses nations établies dans la portion du globe qui se prolonge depuis le Danube jusqu’aux bords du Nil, a montré de toutes parts la faiblesse des Romains ; et l’on peut s’étonner avec raison qu’ils prétendissent à étendre les limites d’un empire dont ils ne pouvaient plus défendre les anciennes frontières : mais les guerres, les conquêtes et les triomphes de Justinien sont les débiles et pernicieux efforts de la vieillesse qui épuise les restes de sa force, et hâte le terme de la vie. Ce prince se félicita d’avoir remis l’Afrique et l’Italie sous la domination de la république ; mais les malheurs qui suivirent le départ de Bélisaire montrèrent l’impuissance du conquérant et achevèrent la ruine de ces malheureuses contrées.
Troubles de l’Afrique. A. D. 535-545.
Justinien avait jugé que ses nouvelles conquêtes devaient satisfaire aussi magnifiquement son avarice que son orgueil. Un avide ministre des finances suivait de près les pas de Bélisaire ; et les Vandales ayant brûlé les anciens registres des tributs, son imagination se donnait carrière sur le calcul et la répartition