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ble par sa vie et par sa mort, était fils d’un Juif. Il écrivait avec élégance le syriaque et l’arabe ; il fut poète, médecin, historien, philosophe plein de sagacité, et théologien rempli de modération. On vit à ses funérailles le patriarche nestorien son rival, avec une suite nombreuse de Grecs et d’Arméniens, qui oublièrent leurs disputes et confondirent leurs larmes sur le tombeau d’un ennemi. Cependant la secte qui fut honorée des vertus d’Abulpharage paraît placée un degré au-dessous de celle des nestoriens. La superstition des jacobites est plus abjecte, leurs jeûnes sont plus rigides[1], leurs divisions intestines plus multipliées, et (autant qu’on peut mesurer les degrés de l’absurdité) leurs docteurs plus éloignés de la raison. Sans doute la sévérité de la théologie des monophysites contribue à cette différence ; mais il en faut attribuer beaucoup davantage à l’influence des moines. Dans la Syrie, en Égypte, en Éthiopie, les moines jacobites se sont toujours distingués par l’austérité de leurs mortifications et l’absurdité de leurs légendes ; durant leur vie et après leur mort on les révère comme les favoris de

    être l’article le plus curieux de la Bibliothéque d’Assemani (t. II, p. 244-321) ; il y porte le nom de Gregorius Bar Hebrœus. La Croze (Christian. d’Éthiopie, p. 53-63) se moque du préjugé des Espagnols contre le sang des Juifs, qui souille en secret leur Église et leur nation.

  1. La Croze (p. 352), et même le Syrien Assemani (t. I, p. 226 ; t. II, p. 304, 305), critiquent cette excessive abstinence.