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et de l’apostasie a réduit les cophtes au misérable nombre de vingt-cinq ou trente mille familles[1], race de mendians sans lumières, qui n’ont d’autres consolations que la misère encore plus grande du patriarche grec et de son petit troupeau[2].

Les Abyssins et les Nubiens.

VI. Le patriarche cophte, rebelle envers les Césars, ou esclave des califes, pouvait toujours s’enorgueillir de l’obéissance filiale des rois de la Nubie et de l’Éthiopie. Il exagérait leur grandeur pour les payer de leur hommage : ses partisans osaient assurer que ces princes pouvaient mettre en campagne

  1. Je tire ce nombre des Recherches sur les Égyptiens et les Chinois (t. II, p. 192, 193), et il est plus vraisemblable que les six cent mille Cophtes anciens et les quinze mille Cophtes modernes de Gemelli Carreri. Cyrille Lucar, patriarche protestant de Constantinople, se plaignit de ce que ces hérétiques étaient dix fois plus nombreux que les Grecs orthodoxes, leur appliquant ingénieusement le πολλαι κεν δεκαδες δευοιατο οινοχοιο d’Homère (Iliade, II, 128), expression parfaitement méprisante. (Fabric., lux Évangelii, 740.)
  2. Ce qui a rapport à l’histoire, à la religion, aux mœurs, etc., des cophtes, se trouve dans l’ouvrage bigarré de l’abbé Renaudot, qui n’est ni une traduction ni un original ; dans le Chronicon orientale de Pierre-le-Jacobite, dans les deux versions d’Abraham Ecchellensis, Paris, 1651 ; et dans Joseph-Simon Assemani, Venise, 1729 : ces Annales ne descendent que jusqu’au treizième siècle. Il faut chercher des détails plus récens dans les auteurs qui ont écrit leurs voyages en Égypte, et dans les nouveaux Mémoires des Missions du Levant. Dans le dernier siècle, Joseph Abudacnus, né au Caire, publia à Oxford une courte Historia Jacobitarum, en trente pages ; 147 post 150.