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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/210

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[Christophe, Étienne, Constantin VIII.]l’indépendance de la royauté, et régna près de vingt-cinq ans. Ses trois fils, Christophe, Étienne et Constantin, furent successivement revêtus des mêmes honneurs, et le légitime empereur tomba du premier au cinquième rang dans ce collége de princes. Toutefois il dut s’applaudir de sa fortune et de la clémence des usurpateurs, puisqu’il conserva la vie et la couronne. Des exemples tirés de l’histoire ancienne et de l’histoire moderne auraient excusé l’ambition de Romain ; il tenait en ses mains les pouvoirs et les lois de l’empire ; la naissance illégitime de Constantin eût justifié son exclusion, et le tombeau ou un monastère se serait facilement ouvert au fils de la concubine ; mais il ne paraît pas que Lecapenus ait possédé les vertus ni les vices d’un tyran. On vit s’évanouir dans l’éclat du trône le courage et l’activité de sa vie privée ; plongé dans des plaisirs licencieux, il oublia la sûreté de la république et celle de sa famille ; mais doux et religieux par caractère, il respecta la sainteté des sermens, l’innocence du jeune Constantin, la mémoire de Léon et l’attachement du peuple. Le goût de Constantin pour l’étude et la retraite désarma la jalousie du pouvoir ; les livres et la musique, sa plume et son pinceau, lui offraient des plaisirs continuels, et si réellement il accrut son mince revenu par la vente de ses tableaux, sans que le nom de l’artiste en ait augmenté la valeur, il eut des talens dont peu de princes pourraient comme lui se faire une ressource dans l’adversité.