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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/215

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la minorité des jeunes princes, le commandement absolu des armées de l’Orient. Aussitôt qu’il se fut assuré des chefs et des soldats, il marcha hardiment à Constantinople, écrasa ses ennemis, publia son intelligence avec l’impératrice, et sans dégrader les enfans de Théophano, il prit, avec le titre d’Auguste, la prééminence du rang et la plénitude du pouvoir ; mais le patriarche qui l’avait porté sur le trône ne voulut point lui permettre d’épouser Théophano. Ce second mariage l’assujettit à une peine canonique d’une année : on lui opposa une affinité spirituelle, et il fallut recourir à des subterfuges et à des parjures pour réduire au silence les scrupules du clergé et ceux du peuple. L’empereur perdit sous la pourpre l’attachement de la nation ; et dans un règne de six années, il s’attira la haine des étrangers et celle de ses sujets, qui retrouvèrent en lui l’hypocrisie et l’avarice du premier Nicéphore. Je n’essaierai jamais de justifier ou de pallier l’hypocrisie ; mais je ne craindrai pas d’observer que l’avarice est de tous les vices celui dont on admet la réalité avec le plus de précipitation et que l’on condamne avec le plus de sévérité. Lorsqu’il s’agit d’un citoyen, on se donne rarement la peine d’examiner sa fortune et ses dépenses : pour le dépositaire de la fortune publique, l’économie est toujours une vertu, et l’augmentation des impôts trop souvent un devoir indispensable. Nicéphore, qui avait montré son caractère généreux dans l’usage de son patrimoine, employa scrupuleusement les revenus publics au