Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

relèverait que lorsqu’un sujet fidèle viendrait le saisir par la chaîne de fer qu’il avait secrètement attachée à son cou, et le traîner sur les marches du trône. Cette marque extraordinaire de repentir excita l’étonnement et la compassion de l’assemblée ; l’Église et l’empereur lui pardonnèrent ses fautes ; mais Manuel, qui, à juste titre, se défiait toujours de lui, l’éloigna de la cour et le relégua à Œnoe, ville du Pont, entourée de fertiles vignobles, et située sur la côte de l’Euxin. La mort de Manuel et les désordres de la minorité ouvrirent bientôt à son ambition la carrière la plus favorable. L’empereur était un enfant de douze à quatorze ans, et par conséquent également dénué de vigueur, de sagesse et d’expérience. L’impératrice Marie, sa mère, abandonnait sa personne et les soins de l’administration à un favori du nom de Comnène ; et la sœur du prince, nommée Marie, femme d’un Italien décoré du titre de César, excita une conspiration, et enfin une révolte contre son odieuse belle-mère. On oublia les provinces, la capitale fut en feu, les vices et la faiblesse de quelques mois renversèrent l’ouvrage d’un siècle de paix et de bon ordre. La guerre civile recommença dans les murs de Constantinople ; les deux factions se livrèrent un combat meurtrier sur la place du palais, et les rebelles enfermés dans l’église de Sainte-Sophie y soutinrent un siége régulier. Le patriarche travaillait avec un zèle sincère à guérir les maux de l’état ; les patriotes les plus respectables demandaient à haute voix un défenseur et un