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siècle. Il plaisait à l’imagination brûlante des Grecs et des Asiatiques : de nouveaux emblèmes ornèrent le Panthéon et le Vatican ; mais les Barbares plus grossiers, et les prêtres ariens de l’Occident se livrèrent plus froidement à cette apparence d’idolâtrie. Les formes hardies des statues d’airain ou de marbre qui remplissaient les temples de l’antiquité, blessaient l’imagination ou la conscience des chrétiens grecs ; et les simulacres qui n’offraient qu’une surface coloriée et sans relief, ont toujours paru plus décens et moins dangereux[1].

L’image à Édesse.

Le mérite et l’effet d’une copie dépendent de sa ressemblance avec l’original ; mais les premiers chrétiens ne connaissaient pas les véritables traits du fils de Dieu, de sa mère ou de ses apôtres. La statue de Panéas en Palestine[2], qu’on croyait être celle de

  1. Ce précis de l’Histoire des images est tiré du vingt-deuxième livre de l’Histoire des Églises réformées de Basnage, t. II, p. 1310-1337. Il était protestant, mais d’un esprit courageux ; et les réformés ne craignent pas de montrer de l’impartialité sur cet objet, par rapport auquel ils ont si évidemment raison. Voy. l’embarras du pauvre moine Pagi, Critica, t. I, p. 42.
  2. Lorsqu’on étudie les annalistes, on juge, après avoir écarté des miracles et des contradictions, que dès l’année 300, la ville de Panéas, en Palestine, avait un groupe de bronze qui représentait un grave personnage, enveloppé d’un manteau, ayant à ses genoux une femme qui lui témoignait sa reconnaissance ou qui lui adressait des supplications ; et que peut-être on voyait sur le piédestal τῳ Σωτηρι, τῳ ευεργετη. — Les chrétiens supposaient ridiculement que ce groupe