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saint Clément et de saint Denis, de saint Athanase et de saint Basile. La théorie et la pratique de la dispute affermissaient sa foi et aiguisaient son esprit ; il commençait à tendre autour de sa cellule les fils déliés et fragiles de la théologie scolastique, et préparait ces ouvrages d’allégorie et de métaphysique, dont les restes recueillis en sept in-folio verbeux et diffus, dorment en paix à côté de leurs rivaux[1]. Saint Cyrille priait et jeûnait dans le désert ; mais ses pensées, selon le reproche que lui adresse un de ses amis[2], étaient toujours fixées sur le monde, et l’ermite ambitieux n’obéit que trop promptement à la voix de Théophile, qui l’appelait à la vie bruyante des villes et des synodes. Du consentement de son oncle, il se livra aux travaux de la prédication, et obtint bientôt la faveur populaire. Sa figure agréable ornait la chaire ; sa voix harmonieuse retentissait dans la cathédrale. Ses amis étaient placés de manière à pouvoir diriger et seconder les applaudisse-

  1. La Croze (Hist. du Christianisme des Indes, t. I, p. 24) avoue son mépris pour le génie et les écrits de saint Cyrille. « De tous les ouvrages des anciens, dit-il, il y en a peu qu’on lise avec moins d’utilité. » Et Dupin (Bibl. ecclés., t. IV, p. 42-52) nous apprend à les mépriser, quoiqu’il en parle avec respect.
  2. C’est Isidore de Péluse qui lui fait ce reproche (l. I, epist. 25, p. 8). Comme la lettre n’est pas très-authentique, Tillemont, moins sincère que les bollandistes, affecte de douter si ce Cyrille était le neveu de Théophile (Mémoires ecclés., t. XIV, p. 268).