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papes la dynastie Carlovingienne.

I. Sous la monarchie sacerdotale de saint Pierre, les nations commençaient à reprendre l’habitude de chercher sur les bords du Tibre leurs monarques, leurs lois et les oracles de leur destinée. Les Francs se trouvaient embarrassés entre deux souverains, l’un de fait et l’autre de nom ; Pépin, simple maire du palais, exerçait tous les pouvoirs de la royauté ; et excepté le titre de roi, rien ne manquait à son ambition. Ses ennemis se trouvaient abattus sous sa valeur ; sa libéralité multipliait le nombre de ses amis. Son père avait été le sauveur de la chrétienté, et quatre illustres générations appuyaient et relevaient les droits de son mérite personnel. Le dernier descendant de Clovis, le faible Childéric conservait toujours le nom et les apparences de la dignité royale ; mais son droit tombé en désuétude ne pouvait plus servir que d’instrument à des séditieux ; la nation désirait rétablir la simplicité de sa constitution, et Pépin, sujet et prince, voulait fixer son rang et assurer la fortune de sa famille. Un serment de fidélité liait le maire et les nobles envers le fantôme royal : c’était le pur sang de Clovis, toujours sacré pour eux ; leurs ambassadeurs demandèrent au pontife de Rome de dissiper leurs scrupules ou de les absoudre de leurs promesses. L’intérêt détermina promptement le pape Zacharie, successeur des deux Grégoire, à prononcer en leur faveur ; il décida que la nation avait le droit de réunir sur la même tête le titre et l’autorité de roi ; que l’infortuné Childéric devait