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Donations de Pépin et de Charlemagne aux papes

La reconnaissance des Carlovingiens fut proportionnée à ces obligations, et leurs noms ont été consacrés par le titre de sauveurs et de bienfaiteurs de l’Église romaine. Son ancien patrimoine, consistant en maisons et en métairies, fut transformé par leur libéralité en une souveraineté temporelle sur des villes et des provinces. La concession de l’exarchat fut le premier fruit des victoires de Pépin[1]. Astolphe abandonna en soupirant sa proie. Les clefs et les otages des principales villes furent livrés à l’ambassadeur de France, qui, au nom de son roi, les présenta sur le tombeau de saint Pierre. L’exarchat, selon l’acceptation la plus étendue de ce mot[2], embrassait toutes les provinces de l’Italie qui avaient obéi à l’empereur et à ses ministres ; mais à parler rigoureusement, il ne comprenait que les territoires

    France sur Rome, en qualité de patrices et d’empereurs. (Amsterdam, 1692, in-4o.)

  1. Mosheim (Instit. Hist. eccl., p. 263) examine cette donation avec autant de sagesse que de bonne foi. L’acte original n’a jamais été produit ; mais le Liber pontificalis décrit ce beau présent (p. 171), et le Codex Carolinus le suppose. Ces deux ouvrages sont des monumens contemporains, et le dernier est d’autant plus authentique, qu’on l’a conservé dans la Bibliothéque de l’empereur, et non dans celle du pape.
  2. Entre les réclamations exorbitantes et les concessions très-bornées de l’intérêt et du préjugé dont n’est pas exempt Muratori lui-même (Antiquitat., t. I, p. 65-68), j’ai pris pour guide dans la fixation des limites de l’exarchat et de la Pentapole, la dissert. chorograph. Italiæ medii ævi, t. X, p. 160-180.