Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/354

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réunion de l’Aquitaine, la France acquit l’étendue qu’elle conserve aujourd’hui, en y ajoutant les Pays-Bas jusqu’au Rhin ; [Espagne.] 2o. les Sarrasins avaient été chassés de la France par le père et le grand-père de Charlemagne ; mais ils demeuraient les maîtres de la plus grande partie de l’Espagne, depuis le rocher de Gibraltar jusqu’aux Pyrénées. Dans leurs dissensions civiles, un Arabe, l’émir de Saragosse, se rendit à la diète de Paderborn pour y implorer la protection de l’empereur. Charlemagne passa en Espagne ; il rétablit l’émir, et sans distinguer les croyances, il écrasa les chrétiens qui voulurent résister, et récompensa l’obéissance et les services des musulmans. Il établit ensuite, en s’éloignant, la Marche espagnole[1], qui s’étendait depuis les Pyrénées jusqu’à la rivière de l’Èbre : le gouverneur français résidait à Barcelonne ; il donnait des lois aux comtés de Roussillon et de Catalogne, et les petits royaumes d’Aragon et de Navarre étaient soumis à sa juridiction ;

  1. Les gouverneurs ou les comtes de la Marche espagnole levèrent, environ vers l’an 900, l’étendard de la révolte contre Charles-le-Simple ; et les rois de France n’en ont recouvré qu’une faible partie (le Roussillon) en 1642. (Longuerue, Description de la France, t. I, p. 220-222.) Au reste, le Roussillon contient cent quatre-vingt-huit mille neuf cents habitans, et il paye deux millions six cent mille livres d’impôt (M. Necker, Administration des Finances, t. I, p. 278, 279) c’est-à-dire qu’il renferme peut-être plus d’habitans, et rapporte sûrement plus d’impôts que toute la Marche de Charlemagne.