que leurs intérêts pussent se trouver en concurrence. Les deux tiers de l’empire que Rome avait possédés en Occident se trouvèrent soumis à Charlemagne, et il était bien dédommagé de ce qui lui en manquait, par sa domination sur les nations inaccessibles ou invincibles de la Germanie ; mais dans le choix de ses ennemis, il y a lieu de s’étonner qu’il ait préféré si souvent la pauvreté du Nord aux richesses du Midi. Les trente-trois campagnes qu’il fit d’une manière si laborieuse dans les bois et dans les marais de la Germanie, auraient suffi pour chasser les Grecs de l’Italie et les Sarrasins de l’Espagne, et lui donner ainsi tout l’empire de Rome. La faiblesse des Grecs lui assurait une victoire facile ; la gloire et la vengeance auraient excité ses sujets à une croisade contre les Sarrasins, la religion et la politique l’auraient justifiée. Peut-être, dans ses expéditions au-delà du Rhin et de l’Elbe, avait-il pour objet de soustraire sa monarchie à la destinée de l’Empire romain, de désarmer les ennemis des nations civilisées, et d’anéantir les germes des migrations futures. Mais on a sagement observé que pour être utiles, les conquêtes de précaution doivent être universelles, puisqu’en s’élargissant le cercle des conquêtes ne fait qu’agrandir le cercle des ennemis dont on environne ses frontières[1]. L’asservissement de la Ger-