Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/38

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nius, le choix de l’empereur qui, en cette occasion, consulta l’opinion publique, et lui donna un étranger pour successeur, apaisa les factions du clergé et du peuple. Le prince accorda l’archevêché de sa capitale à Nestorius[1], né à Germanicie, et moine d’Antioche, recommandable par l’austérité de sa vie et l’éloquence de ses sermons ; mais la première fois qu’il prêcha en présence du dévot Théodose, il laissa paraître l’aigreur et l’impatience de son zèle. « César, s’écria-t-il, donnez-moi la terre purgée d’hérétiques, et je vous donnerai en échange le royaume du ciel. Exterminez avec moi les hérétiques, et avec vous j’exterminerai les Persans. » Le cinquième jour de son pontificat, le patriarche, comme si cet accord eût été signé avec l’empereur, découvrit, surprit et attaqua un conventicule secret d’ariens ; ils aimèrent mieux mourir que de se soumettre ; les flammes qu’ils allumèrent dans leur désespoir, se portèrent sur les maisons voisines, et le triomphe de Nestorius fut flétri par le surnom d’Incendiaire. Il imposa des deux côtés de l’Hellespont un rigoureux formulaire de foi et de discipline ; il punit comme une offense contre l’Église et l’état une erreur chronologique sur la fête de Pâques. Il purifia la Lydie et la Carie, Sardes et Milet, par le sang des obstinés quarto-de-

  1. Socrate raconte l’histoire de son avénement au siége épiscopal de Constantinople, et décrit sa conduite (l. VII, c. 29-31), et Marcellinus semble lui appliquer les mots de Salluste, loquentiæ satis, sapientiæ parum.