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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/88

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protection de l’impératrice. Une discorde spirituelle troublait la capitale, le palais et le lit nuptial ; mais la sincérité de Justinien et de Théodora était si douteuse, que plusieurs personnes imputaient leur querelle apparente à une ligue secrète et malfaisante contre la religion et le bonheur du peuple[1]. [Les trois chapitres A. D. 532-698.]La fameuse dispute des trois chapitres[2], qui a rempli plus de volumes qu’elle ne méritait de lignes, annonce bien cet esprit d’astuce et de mauvaise foi. Trois siècles s’étaient écoulés depuis que le corps d’Origène[3]

  1. Procope, Anecd., c. 13 ; Evagrius, l. IV, c. 10. Si l’historien ecclésiastique n’a pas lu l’historien secret, leur soupçon commun prouve du moins la haine générale.
  2. Voyez sur les trois chapitres les Actes originaux du cinquième concile général tenu à Constantinople ; on y trouve beaucoup de faits authentiques, mais sans utilité. (Concil., t. VI, p. 1419) Evagrius, auteur grec, est moins détaillé et moins exact (l. IV, c. 38) que les trois Africains zélés, Facundus (dans ses douze livres De tribus capitulis, que Sirmond a publiés d’une manière très correcte), Liberatus (dans son Breviarum, c. 22, 23, 24), et Victor Tunnunensis (dans sa Chron., in t. I, antiq. Lect. Canisii, p. 330-334). Le Liber pontificalis ou Anastase (in Vigilio, Pelagio, etc.), est un témoignage original, mais tout en faveur des Italiens. Le lecteur moderne tirera quelques lumières de Dupin (Bibl. ecclésiast., t. V, p. 189-207) et de Basnage (Hist. de l’Église, t. I, p. 519-541) ; mais le dernier déprécie trop l’autorité et le caractère des papes.
  3. Origène avait en effet trop de propension à imiter la πλανη ; et la δυσσεβεια des anciens philosophes (Justinien, ad Mennam, in Concil, t. VI, p. 356) ; ses opinions modérées s’accordaient mal avec le zèle de l’Église, et on le trouva coupable de l’hérésie de la raison.