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un regard sur tes serviteurs, et ne les livre pas aux mains de leurs ennemis. » La présence de l’épée de Dieu arrêta la valeur et le triomphe de Thomas : à peine les musulmans eurent-ils reconnu le péril, qu’ils reprirent leurs rangs, et chargèrent les assaillans en flanc et par-derrière. Après avoir perdu des milliers de soldats, le général chrétien se retira avec un soupir de désespoir, et les machines de guerre établies sur le rempart réprimèrent la poursuite des Sarrasins.

Damas est prise d’assaut après l’avoir été par capitulation. A. D. 634.

Après un siége de soixante-dix jours[1] le courage des habitans de Damas, et peut-être leurs munitions, se trouvaient épuisés ; les plus braves d’entre leurs chefs se soumirent aux lois de la nécessité. Dans les diverses conjonctures de la paix et de la guerre, ils avaient appris à redouter la férocité de Caled et à respecter la douceur et les vertus d’Abu-Obeidah.

  1. Abulféda ne compte que soixante-dix jours pour le siége de Damas (Annal. Moslem., p. 67, vers. Reiske) ; mais Elmacin, qui rapporte cette opinion, prolonge jusqu’à six mois la durée du siége, et dit que les Sarrasins employèrent des balistes (Hist. Saracen., p. 25-32). Ce dernier calcul ne suffit pas même pour remplir l’intervalle qui se trouve entre la bataille d’Aiznadin (juillet, A. D. 633) et l’avénement d’Omar (24 juillet, A. D. 634), sous le règne duquel les auteurs s’accordent tous à placer la prise de Damas (Al-Wakidi, ap. Ockley, vol. I, p. 115 ; Abulpharage, Dynast., p. 112, vers. Pococke). Les opérations du siége furent peut-être interrompues, ainsi qu’à la guerre de Troie, par des excursions et des détachemens jusqu’aux derniers soixante-dix jours du siége.