Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 2.djvu/242

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teau de pourpre. Les regards se portèrent sur la majestueuse figure de Zénobie, resserrée dans des chaînes d’or ; un esclave soutenait celle qui entourait son cou, et elle semblait presque accablée sous le poids insupportable de ses pierreries. Elle précédait à pied le char magnifique sur lequel elle avait autrefois espéré faire son entrée dans Rome. Ce char était suivi de deux autres encore plus brillans, celui d’Odenat et celui du monarque de la Perse. Le triomphateur en montait un quatrième, tiré par quatre cerfs ou par quatre éléphans[1], et qui avait appartenu à un roi goth. Les plus illustres du sénat, du peuple et de l’armée fermaient cette pompe solennelle. L’air retentissait des acclamations de la multitude, qui, frappée d’étonnement, s’abandonnait aux transports les plus vifs de la reconnaissance et d’une joie sincère. Au milieu de tous ces monumens de gloire, la vue de Tetricus inspirait aux sénateurs des sentimens bien différens. Ils ne pouvaient s’empêcher de murmurer contre le fier monarque qui livrait ainsi à l’ignominie publique la personne d’un Romain et d’un magistrat[2].

Sa clémence envers Tetricus et Zénobie.

Cependant Aurélien ne manqua pas de générosité :

  1. Le char était, selon toutes les apparences, traîné par des cerfs : les éléphans que l’on voit sur les médailles d’Aurélien marquent seulement, selon le savant cardinal Noris, que ce prince avait soumis l’Orient.
  2. L’expression de Calphurnius (Eclog. I, 50) nullos ducet captiva triumphos, appliquée à Rome, renferme une allusion et une censure très-manifeste.