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la Divinité : la crosse d’évêque et de patriarche est réservée à leurs respectables mains ; et encore infectés des habitudes et des préjugés du cloître, ils se chargent de gouverner les hommes[1].

Les maronites.

III. Dans le style des chrétiens de l’Orient, les monothélites ont été dans tous les siècles désignés par le nom de maronites[2], nom qui a passé insensiblement d’un ermite à un monastère, et d’un monastère à une nation. Ce fut en Syrie que Maron, saint ou sauvage du cinquième siècle, déploya sa religieuse extravagance ; les villes d’Apamée et d’Émèse se disputèrent ses reliques ; une magnifique église s’éleva sur son tombeau, et six cents de ses disciples réunirent leurs cellules sur les bords de l’Oronte. Dans les controverses de l’incarnation, ils suivirent scrupuleusement la ligne orthodoxe entre les sectes de Nestorius et d’Eutychès ; mais leur loisir

  1. Une dissertation de cent quarante-deux pages, qui se trouve au commencement du second volume d’Assemani, explique parfaitement l’état des monophysites. La Chronique syriaque de Grégoire Bar-Hebrée ou Abulpharage (Bibliot. orient., t. II, p. 321-463) donne la double liste des catholiques ou patriarches nestoriens et des maphriens des jacobites.
  2. Eutychius (Annal, t. II, p. 191, 267, 332), et d’autres passages qu’on trouve dans la table méthodique de Pococke, prouvent qu’on a employé indifféremment le nom de monothélites et celui de maronites. Eutychius n’avait aucune prévention contre les maronites du dixième siècle, et nous pouvons en croire un melchite, dont les jacobites et les Latins ont confirmé le témoignage.