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cent mille cavaliers, et un nombre égal de chameaux[1] ; qu’ils étaient les maîtres de répandre ou d’arrêter les eaux du Nil[2], et que la paix et l’abondance de l’Égypte dépendaient, même auprès d’un souverain de ce monde, de l’intervention du patriarche. Théodose, durant son exil à Constantinople, recommanda à sa protectrice la conversion des peuplades noires de la Nubie[3], depuis le tro-

  1. Vers l’an 737. Voy. Renaudot, Hist. patriarch. Alex., p. 211, 222 ; Elmacin, Hist. Saracen., p. 99.
  2. Ludolphe, Hist. Æthiop. et Comment., l. I, c. 8 ; Renaudot, Hist. patriarch. Alex., p. 480, etc. Cette opinion introduite en Europe par l’artifice des cophtes, par l’orgueil des Abyssins, la crainte et l’ignorance des Turcs et des Arabes, n’a pas même l’apparence de la vérité. Les pluies de l’Éthiopie ne consultent pas la volonté du monarque pour augmenter les eaux du Nil. Si le fleuve s’approche de Napata, à trois journées de la mer Rouge (voyez les Cartes de d’Anville), l’ouverture d’un canal capable de détourner son cours exigerait toute la puissance des Césars, et vraisemblablement la surpasserait.
  3. Les Abyssins, qui ont encore les traits et le teint olive des Arabes, prouvent assez que vingt siècles ne suffisent pas pour changer la couleur de la race humaine. Les Nubiens, dont l’extraction est africaine, sont de véritables nègres, aussi noirs que ceux du Sénégal ou du Congo ; ils ont également le nez aplati, les lèvres épaisses, et leur tête est revêtue de laine (Buff., Hist. nat., t. V, p. 117, 143, 144, 166, 219, édit. in-12 ; Paris, 1769). Les anciens voyaient sans beaucoup d’attention ce phénomène extraordinaire, qui a exercé les philosophes et les théologiens des temps modernes.